Centre médico-social Basile Moreau

Accompagnement du résident,  Actualité,  Foyer de vie Alain de Rougé

Mieux comprendre la schizophrénie

Intervention de la Maison de l’Elan de l’Association ACADEA à l’unité La Belle Hoirie

La Maison de l’Elan est un foyer d’accueil médicalisé accueillant des personnes adultes de plus de 20 ans présentant un handicap psychique stabilisé.

Qu’est-ce que la skyzophrénie ?

Le terme « schizophrénie » désigne une psychose grave chronique et qui ne guérit pas, mais peut se stabiliser sous traitement. C’est une sorte d’éclatement de la vie psychique. Le syndrome schizophrénique tourne autour de 3 grandes dimensions sémiologiques : la discordance ou dissociation psychique, le délire et l’autisme. Les expressions de la schizophrénie peuvent être très variables dans le temps et d’un malade à l’autre.

Ce trouble entraîne une altération des fonctions les plus essentielles qui permettent à chacun d’être conscient de son identité, de son unicité et d’être autonome. Les modalités évolutives sont multiples. L’accompagnement nécessite d’étudier les mécanismes de défense mis en place par chacun et qui permettent de lutter contre les angoisses.

Les symptômes

Les symptômes « productifs »

  • Des délires : il s’agit d’une production de l’esprit qui n’est pas accordée à la réalité. Les thèmes du délire peuvent être variés. Le plus fréquent est la persécution : le sujet a le sentiment que l’on complote contre lui, qu’on cherche à lui nuire. Cela peut se focaliser sur l’entourage ou sur de parfaits inconnus. Le délire peut être flou ou construit.
 
  • Des hallucinations, c’est-à-dire des perceptions sans objet. Les plus fréquentes sont les hallucinations acoustico-verbales (« entendre des voix »). Le sujet peut aussi percevoir des sensations anormales dans son corps (hallucinations sensorielles ou cénesthésiques), des visions (hallucinations visuelles, plus rares, qui doivent faire suspecter un autre diagnostic) ou des odeurs (là encore, plus rares et doivent faire éliminer une épilepsie si le symptôme est isolé).

Les symptômes « négatifs » 

  • Le repli sur soi (isolement social) est le plus fréquent. Le sujet ne cherche pas le contact social et peut même le fuir (surtout s’il présente un délire de persécution).
  • L’émoussement affectif est souvent facilement remarqué par l’entourage. La personne exprime peu d’affect et semble indifférente à des événements à forte valence émotionnelle.
  • Un manque de motivation : c’est souvent un facteur majeur du handicap. La schizophrénie peut s’accompagner d’un manque d’énergie, d’envie d’initier une action, ou de la mener jusqu’au bout. Cela peut provenir de la maladie ou des effets des traitements.
  • Un manque de plaisir (anhédonie) : la personne perd le goût de ce qui lui faisait plaisir auparavant.

Les symptômes cognitifs 

La schizophrénie peut entraîner divers troubles de la cognition, c’est-à-dire de la capacité à penser et à s’organiser. Aucun de ces troubles n’est spécifique de la maladie, et ils peuvent également provenir des effets secondaires des traitements et d’autres facteurs altérant la cognition, comme le manque de sport, une mauvaise alimentation ou la consommation de drogues (tabac alcool cannabis par exemple). Les symptômes cognitifs comportent :

  • Un appauvrissement de la pensée : les centres d’intérêt se restreignent, les phrases sont plus courtes, l’argumentation est plus pauvre
  • Des difficultés de concentration et d’attention.
  • Des troubles de la mémoire (à court terme ou à long terme).
  • Des difficultés d’organisation de tâches de la vie quotidienne.
  • Des troubles de la cognition sociale c’est-à-dire de la capacité à s’ajuster aux autres, à lire les émotions sur les visages, à interpréter le second degré et les métaphores (pensée abstraite). Les symptômes cognitifs sont considérés comme les plus handicapants dans la vie quotidienne, puisque la personne a du mal à se rendre à ses rendez-vous, à arriver à l’heure, à se rappeler de prendre son traitement…

Les symptômes affectifs 

La dépression : elle peut être confondue avec les symptômes négatifs, raison pour laquelle elle est souvent sous-diagnostiquée et sous-traitée. Les symptômes spécifiques de la dépression sont une tristesse prononcée et permanente, le désespoir, l’autodépréciation, un réveil précoce (au moins une heure avant l’heure habituelle), une culpabilité pathologique, des idées suicidaires, une humeur plus basse le matin que le soir.

Quelques chiffres

  • 500 000 personnes souffrent de schizophrénie en France.
  • Elle touche davantage les hommes que les femmes : 60% d’hommes et 40% de femmes.
  • 15-25 ans est l’âge classique d’apparition des premiers troubles psychotique de la schizophrénie. On peut voir un deuxième pic de début plus tardif (après 35 ans) surtout pour les femmes.
  • 10% des patients présentent une bonne autonomie.
  • 20% de schizophrènes présentent une dépression associée aux délires de persécution.

Quelques pistes pour l’accompagnement :

  • Stimuler sans imposer les activités.
  • Reproposer si besoin.
  • Éviter les sollicitations excessives.
  • Formuler des phrases courtes, aller à l’essentiel dans l’échange.
  • Ne pas être condescendant.
  • Rappeler le cadre si nécessaire.
  • Eviter les négociations.
  • Encourager l’autonomie sur certains aspects.
  • Éviter de rire des erreurs de raisonnements, des délires devant la personne.
  • Encourager la prise des traitements, ne surtout pas essayer de l’obliger à les prendre, ni lui administrer à son insu.
  • Ne pas parler à la place.
  • Rester à l’écoute et ne pas nier les peurs, les angoisses.
  • Considérer que lors d’un échange le patient peut entendre des voix qui altère l’attention ou la compréhension de ce qui se dit.
  • Se rappeler que les délires sont des mécanismes de défense contre les angoisses.
  • Ne pas se laver, sentir mauvais permet par exemple de tenir l’autre à distance.
  • Les déplacements d’objets ont un sens pour la personne.
  • Elle ne peut s’empêcher de le faire et ne perçoit pas ce que cela génère chez les autres.
  • La personne ne comprend pas le monde qui l’entoure.

Témoignages de Céline PADOIS, éducatrice spécialisée coordinatrice et Maryline LUDARD, aide médico-psychologique.

Céline PADOIS : « Au quotidien, les manifestations diffèrent selon les résidents, c’est la complexité de la maladie psychique. Pour adapter notre accompagnement à chaque personne, il est important de bien connaître les résidents pour comprendre leurs besoins et ajuster nos réponses en fonction de chacun. Par exemple, préciser une date d’activité à un résident peut, soit l’angoisser, soit le rassurer. Ils ont des difficultés à exprimer leurs sentiments, cela se traduit donc par des actions, comportements qu’il faut parvenir à comprendre.

Lorsqu’une déficience mentale est associée à cette maladie, le repère dans le temps est défaillant, nous faisons donc en sorte de créer des journées structurées, avec des règles de vie, alternant entre moments calmes et moments d’activités. Nous essayons de trouver un équilibre, apporter un accompagnement individuel tout en conservant le collectif, en leur expliquant que chacun a le droit à un accompagnement adapté à ses besoins. »

Maryline LUDARD : « Il me paraît nécessaire d’aménager des temps libres. Ils ont besoin d’extérioriser, de se libérer de leurs délires. Selon moi, il est très important de leur apporter un cadre rassurant et sécurisant afin d’atténuer leurs angoisses. »